Lehanna Ellaria Aurélian
En l'an 25 avant la première guerre naquit, à Silence, Lehanna Ellaria de la maison Vail. Première fille du baron Ciaphas Vail et de Lady Cassandre Vail, vasal du comte Duram Aurélian.
- Citation :
- -"Ma fille;... le jour de ta naissance, les rues de Silence adjurèrent ton nom, les prêtres chantèrent des prières pour toi, pour que ta vie soit longue et que ton mariage te donne beaucoup d'enfants, que tu aimeras, chériras et te rendront heureuse. J'ai vu, ce jour-là, vilains, serf, artisans et aristocrates partager une seule et même joie, une seule et même passion. Le soleil à son zénith illuminait les parterres couverts de fleurs aux couleurs multiples et chatoyantes tandis que tous se réunissaient devant le Manoir. Je me souviens des prières et bénédictions que la foule en liesse lancèrent quand tu es apparue pour la première fois au balcon, portée par ta mère."
-"
Regarde ces gens mon amour, ils sont beaux et belles, ils sont venus des quatre coins de la région pour elle."
Ciaphas contempla la place irradiée par la douce chaleur de la lumière solaire, les gens portaient tous des étoffes colorées et agréables, même le plus démuni cherchait à apporter sa touche colorée à cette grande fresque qui se dépeignait sous les yeux du Baron et de sa compagne. Les gens lançaient des pétales aux couleurs multiples et variées vers le balcon du Manoir, faisant pleuvoir une myriade de fleurs qui caressaient les visages et dégageaient une volupté d'odeurs douces et enivrantes.
Le Baron et sa femme, le premier habillé d'un simple brocart d'argent et la seconde d'une robe blanche de simple manufacture, saluèrent la plèbe un long moment, partageant une joie réciproque avec la foule, avant de se retirer dans leur logis seigneurial afin de partager des moments d'intimité autour de la nouvelle-née.
Sa petite enfance durant elle fut éduquée et allaitée par une nourrice, comme tout naturellement pour une famille aristocrate, celles-ci assumant mal une animalité tout juste bonne pour le "bas peuple". Les besoin affectifs du bébé largement ignorés, la proximité mère-fille bonne pour cette même classe sociale. Son éducation fut ensuite confiée à une pléthore de gouvernantes, et à un prêtre qui s'assura que l'enfant grandisse dans la foi et les faveurs de la Sainte Lumière.
La jeune Lehanna s'attacha à son éducation avec humilité, apprenant la couture, la danse, le chant et d'autres tâches réservées aux dames avec la meilleure foi possible. Malgré les gouvernantes souvent acariâtres elle se fit très laborieuse et devint rapidement une jeune fille éduquée, capable de se fondre au milieu des autres dames avec une aisance qui laissait transparaître son talent en de nombreux domaines.
Elle fut promise dés sa plus tendre enfance au premier fils du comte, Ethan Aurélian. Un mariage qui ne pouvait que satisfaire son père et resserrer les liens de vassalité qui avaient subis quelques revers ces derrières générations. Elle ne le voyait que rarement, voire jamais, et des exceptionnelles fois où ce fut le cas elle s'attela à être une bonne compagne, honorant au mieux ses futurs beaux-parents, manifestant son respect par des gestes et paroles humbles, tentant de ne générer aucun conflit et de faire taire toutes les causes qui pourraient en causer par la douceur et la gentillesse. L'union des deux héritiers fut vite faite, conformément au droit ecclésiastique ils se fiancèrent dés que Lehanna eut ses sept ans et se marièrent aux douze ans de celle-ci, passant de l'autorité de son père à celle de son mari. Ethan, quand à lui, était déjà âgé 21 ans le jour de son mariage.
Elle eut son premier fils, celui qui serra l’aîné de la maison Aurélian et un jour seigneur de celle-ci à l'âge de seize ans, en l'an neuf avant la première guerre. A la suite de celui-ci naquirent six autres enfant jusqu'au dernier, Trystan, qui naquit en l'an 1, au tout début de ce qui allait être la première guerre.
Un jour de Janvier mari et femme discutèrent de bon matin, Ethan sortant du bureau de son père avec une triste nouvelle.
-"
Mon père ne désire pas t'accorder une partie de son argent afin de pratiquer l'aumône, il est soucieux de ses finances ces temps-ci."
-"
Mais il faut aider ces pauvres gens qui meurent de froid et de faim mon époux. N'est il pas de notre devoir de faire preuve de compassion?"-dit-elle avec la plus tendre et douce des voix.
-"
Il le faut, mais il faut également veiller à ce que la baronnie ne tombe pas en faillite. Maintenant cesse donc de m'assaillir de telles questions auxquelles tu n'entend rien."
Lehanna s'en alla donc, mais au lieu de s'adonner à la broderie elle s'en alla subtiliser une bourse dans le bureau du seigneur son beau-père afin d'aller distribuer de l'argent aux démunis de la ville, s'en allant secourir ceux qui avaient besoin de sa charité dans les quartiers les moins favorisés. Un fin manteau neigeux recouvrait les rues. Vétue d'habits simples en lin et d'un manteau en laine elle dispensa son amour et sa charité aux coins des rues, illuminant les gens au passage qui , en guise de moindre contrepartie, lui adressèrent des bénédictions sans fin qui se répercutaient contre les murs comme une clameur implorante. Néanmoins au détour d'une ruelle elle tomba nez-à-nez avec son seigneur et beau-père, visiblement mécontent de l'attitude de sa belle-fille, suivi par le prêtre, sûrement présent à la demande du Seigneur Duram afin de la raisonner ensuite. Elle eut tout juste le temps de cacher la bourse sous son manteau avant qu'ils ne l’aperçoivent.
-"
Que cachez-vous sous votre manteau jeune fille, mh?"-Lui demanda t'il d'un ton autoritaire.
-"
Ce...Ce sont des roses pour garnir la chapelle monseigneur."-Lui répondit-elle en baissant le menton, fixant le sol, l'air humble.
-"
Des roses en Janvier?! Te moquerais tu de moi? Découvre toi donc de ton manteau afin que je puisse convenir de ton impertinence!"
Lehanna obéit sans ciller, endurant cette humiliation, elle se découvrit de son manteau pour le plus grand plaisir des pouilleux des alentours.
Tous retenaient leurs souffles, s'attendant à voir la bourse tomber dans la neige, aux pieds de la dame frigorifiée.
Néanmoins tel ne fut pas le cas, et sous le manteau se trouvait un magnifique bouquet de roses, aussi resplendissant que si il venait d'être cueilli par la plus douce des mains.
Le Comte, y reconnaissant un acte surnaturel et la faveur de la Sainte Lumière, laissa liberté à Lehanna de gérer elle-même ses actes charitables.